L’armée n’appartient pas à l’État, mais au peuple

L’armée n’appartient pas à l’État, mais au peuple

Nous avons publié, il y a quelques jours, la cinglante réplique du général Piquemal, suite aux propos injurieux tenus contre lui par le chef d’état-major des Armées, le général Lecointre. 

Malgré un emploi du temps très chargé, le général Piquemal a bien voulu répondre à nos questions. Qu’il en soit remercié chaleureusement. 

Les militaires de tout grade ont sonné avec raison le tocsin

Riposte Laïque : Vous avez fait partie des vingt généraux qui ont impulsé la fameuse tribune qui fait tant de bruit. Vous attendiez-vous à de telles réactions ?

Général Piquemal : Non, absolument pas. Personne n’imaginait que la Tribune puisse avoir un tel retentissement.
Dans le passé, des prises de position analogues et proches du contenu de cette tribune n’avaient suscité que de faibles réactions. Ce qui est étonnant et surprenant pour cette tribune est que, plus que le message adressé, ce sont les porteurs du message qui ont été attaqués.

On constate que pour la classe politique la Grande Muette doit toujours se taire et ne pas s’exprimer même quand le constat qu’elle fait est juste et partagé par la plus grande partie des Français.
Je considère que les militaires de tout grade ont sonné avec raison le tocsin sur la situation.

En aucun cas la Tribune n’a appelé à la guerre civile et au renversement de l’État. Elle a simplement fait apparaître que si face à la chienlit, l’insécurité, l’immigration incontrôlée, les attentats de l’islamisme radical et la perte de notre identité les mesures fortes de rétablissement de l’ordre public n’étaient pas rapidement mises en place, le risque de guerre civile était une réalité.

La tribune n’a fait que dire ce que le ministre de l’Intérieur sortant, Gérard Collomb, avait déclaré lors de son départ du gouvernement en octobre 2018 : “Aujourd’hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face à face”. Il avait ajouté : ” je suis allé dans de nombreux quartiers. Le terme de reconquête républicaine y prend tout son sens.” Que s’est-il passé depuis deux ans et demi pour inverser la tendance ? Rien !

En évoquant le délitement de la France, notre tribune a tapé juste

Riposte Laïque : Comment expliquez-vous le succès de cette initiative ? On parle à présent de plus de milliers de signatures supplémentaires…

Général Piquemal : À ce jour, il y a plus de 50 000 signataires et les signatures continuent à affluer.
À mon avis le succès de la tribune tient à trois raisons :

La première, la réalité du constat fait par la tribune des militaires concernant le délitement de la France. Elle appelle la classe politique à réagir, à retrouver les valeurs ancestrales de la France et à prendre en compte le patriotisme et l’honneur des Français.

La deuxième me semble due à l’absence au départ de réaction de l’État. Elle a entraîné celles excessives des leaders de l’extrême gauche et ensuite la panique de l’exécutif qui a surréagi à l’évènement et s’est trompé de cible.

La troisième est liée à la récupération de Marine Le Pen qui a demandé aux officiers généraux signataires de la rejoindre. Cette intervention maladroite et sans fondement de la présidente du RN a déclenché la réaction violente de l’exécutif qui s’en est pris alors durement aux “messagers” plutôt qu’au contenu du constat, partagé par une très large majorité de Français.

En outre, bien que les commentaires sur cette tribune mettent principalement en avant les généraux, son grand mérite et sa valeur sont d’associer toutes les catégories de militaires, des militaires du rang aux officiers généraux, dans un même but. Elle sort donc du registre catégoriel habituel. Là sont sa force et sa grandeur ! Elle témoigne de la cohésion, la solidarité, l’esprit de corps, la camaraderie, valeurs qui au-delà des grades lient tous les militaires qui servent la nation.

Entre observer un devoir de réserve et faire son devoir, il n’y a pas à choisir

Riposte Laïque : Vous avez déjà été lourdement sanctionné par le pouvoir, pour votre participation à une manifestation à Calais, contre l’invasion migratoire. À présent, 18 militaires d’active sont convoqués devant un « Conseil supérieur militaire », avec menace de mise à la retraite d’office. Selon vous, quelles seront les conséquences des menaces et de la répression du pouvoir ?

Général Piquemal : Oui, bien que relaxé par la justice pour avoir participé le 6 février 2016 à Calais à une manifestation interdite, l’ordre administratif m’a durement sanctionné. Vous le savez, j’ai été radié des cadres, par décret du président de la République du 23 août 2016.
Aujourd’hui, madame Parly, ministre de la Défense a demandé au général Lecointre CEMA de sanctionner tous les militaires qui n’ont pas respecté le devoir de réserve.
Cela concerne quelques militaires en activité menacés d’une sanction disciplinaire et les officiers généraux en 2e section signataires qui peuvent faire l’objet d’une sanction statutaire : la radiation des cadres.

Je considère que la radiation des cadres est une décision administrative arbitraire. Elle est, avant tout, une mesure vexatoire, humiliante, injuste, prise par une autorité politique partiale.
Il s’agit d’étouffer la liberté d’expression de la “Grande Muette”. Elle est bafouée par une mesure qui sert d’instrument pour priver les officiers généraux du droit d’expression pourtant reconnu par la Constitution.

L’État n’assume pas ses devoirs mais voudrait, en outre, faire taire ceux qui dénoncent des faits inacceptables dans un État de droit.
Entre observer un devoir de réserve et faire son devoir, quel qu’en soit le prix, il n’y a pas à choisir.

Nous n’avons jamais encouragé un climat de guerre civile

Riposte Laïque : Même au sein de l’armée, certains vous reprochent d’entretenir un climat de guerre civile, et pensent que vous auriez dû attaquer seulement le libéralisme et l’Union européenne. Comment réagissez-vous à cette tribune ?

 https://qactus.fr/2021/04/28/q-scoop-le-contre-amiral-claude-gaucherand-fait-une-reponse-a-lappel-de-mille-militaires/

Général Piquemal : Oui vous faites allusion à la prise de position du contre-amiral Gaucherand signée par des officiers retraités de tout grade.
Elle est pertinente et complémentaire du contenu de la tribune des militaires. Elle traite d’autres causes du délitement de la France qui n’est pas seulement dû au choix politiques de l’exécutif au pouvoir mais aussi aux contraintes imposées par l’Union européenne et le libéralisme excessif de la mondialisation.

Il n’y a pas pour moi de contradiction ni d’opposition entre les deux thèses complémentaires qui présentent des aspects différents des raisons de la situation critique de la France aujourd’hui.
Il n’y a pas non plus dans cette tribune un climat de guerre civile. Cette interprétation est fausse.
Il a été seulement dit que pour le maintien de l’ordre, si les forces de sécurité engagées, CRS (1re catégorie) et gendarmerie mobile (2e catégorie) étaient insuffisantes, le risque serait de faire appel aux forces armées (3e catégorie) et alors que le risque de guerre civile deviendrait très important.
Cela n’a donc rien à voir avec l’entretien d’un climat de guerre civile.

La réaction de ces leaders de l’extrême gauche a été démesurée

Riposte Laïque : Mélenchon et beaucoup de leaders de gauche vous ont comparés à des généraux factieux, voire à des putschistes, et ont annoncé avoir déposé des plaintes contre vous. Que pensez-vous de cette réaction ?

https://www.fdesouche.com/2021/04/28/la-gauche-sinsurge-contre-une-tribune-de-militaires-et-lappel-de-marine-le-pen/

Général Piquemal : Bien entendu, la tribune ayant été diffusée par Valeurs Actuelles le 20 avril, il était facile pour certains journalistes ou politiques mal intentionnés d’exploiter cette circonstance, de faire l’amalgame et le rapprochement avec le putsch des généraux du 21 avril 1961 et en conséquence de brandir la menace d’un coup d’État militaire pour renverser le pouvoir en place.
Mais les Français, pleins de bon sens, ne se sont pas laissés entraîner par cette ineptie, cette analyse farfelue et totalement invraisemblable brandie par la gauche désemparée et le leader de la France insoumise.

La réaction de ces leaders de l’extrême gauche a été démesurée. À mon avis, les plaintes déposées n’ont aucune chance d’aboutir car elles sont farfelues et sans fondement, donc non recevables.

Les militaires ont tiré la sonnette d’alarme pour réveiller l’État

Riposte Laïque : Comment voyez-vous la suite de ce qui ressemble à une fronde profonde des militaires, contre l’absence de patriotisme de nos dirigeants ?

Général Piquemal : J’ai déjà partiellement répondu à cette question. Je crois que le soufflet est déjà retombé. Il n’y a pas de fronde. Les militaires inquiets de la désagrégation progressive de la France ont tiré la sonnette d’alarme pour réveiller l’État et le pousser enfin à agir afin de stopper la spirale infernale dans laquelle la France est entrée depuis 30 à 40 ans.
Quant aux sanctions éventuelles demandées et voulues par le pouvoir politique, tout sera fait pour s’y opposer.

L’armée est l’incarnation de la Nation en armes, elle appartient au peuple

Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose, mon Général ?

Général Piquemal : Oui, l’armée est l’incarnation de la Nation en armes. Elle en est solidaire. Le rôle premier de l’armée est la défense de la France car l’armée n’appartient pas à l’État mais au Peuple !
À mon sens, cette Tribune a conforté de manière certaine et forte le lien Armée/Nation.
Aussi, la communauté militaire se doit de témoigner, d’alerter non seulement le commandement, mais aussi le pouvoir politique de la situation critique de la Nation.

Depuis longtemps l’État a renoncé a imposé sa présence dans les quartiers difficiles et les zones de non- droit par peur de déclencher un état insurrectionnel ou une guerre civile.
Tolérer l”existence de nombreuses zones de non-droit sur le territoire national est inacceptable. En effet le chef de l’État est le garant de l’intégrité du territoire.

Face à la guérilla urbaine, la République a le droit et le devoir de se défendre et de protéger les Français en imposant une autorité sans faille et la sécurité du peuple. Elle doit tout faire pour sauver la cohésion nationale très largement mise en péril aujourd’hui. L’État doit reconnaître qu’il existe un lien indéniable entre le terrorisme islamiste et l’immigration massive incontrôlée.

En conclusion, les militaires de la Tribune ont fait un constat juste et l’ont dit aux Français.
Mais comme toujours : “Celui qui dit la vérité doit être exécuté ! ”

Propos recueillis par Pierre Cassen

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